
L'humoriste Jimmy Kimmel, animateur d'un "late night show" très populaire aux Etats-Unis, a été privé d'antenne mercredi après avoir accusé la droite américaine d'exploiter politiquement le récent assassinat du militant pro-Trump Charlie Kirk.
La décision de suspendre l'émission "pour une durée indéterminée" a été immédiatement saluée par le président Donald Trump, qui poursuit son bras de fer avec les médias depuis son retour à la Maison Blanche, et n'appréciait guère les critiques régulières de l'animateur de 57 ans.
C'est "une grande nouvelle pour l'Amérique", s'est-il félicité sur son réseau Truth Social, aux antipodes des réactions des fans du présentateur vedette, qui n'ont pu accéder au plateau de l'émission diffusée par la chaîne ABC.
"Ils ont attendu que l'émission soit sur le point de commencer pour l'annuler. Et ils ne nous ont pas donné la raison", s'est étonné Tommy Williams, un docker de Jacksonville (Floride, sud-est) qui devait assister en direct à l'émission à Los Angeles.
"N'importe quelle émission de télévision qui s'exprime contre Donald Trump, il essaie de la faire taire (...). Ce sont des choses qui arrivent en Russie, en Corée du Nord et en Chine", a-t-il regretté.
"Je suis vraiment contrariée (...). Nous sommes censés avoir la liberté d'expression dans ce pays, et ça ce n'est pas la liberté d'expression. Il n'a rien dit de mal", a protesté de son côté Sheri Mowbray, retraitée venue de la région de San Francisco pour voir l'émission.
M. Kimmel est l'un des visages les plus célèbres de la télévision américaine. Outre son show, qui offre un regard humoristique sur l'actualité cinq soirs par semaine, il a également été quatre fois maître de cérémonie pour les Oscars.
Lundi, il avait évoqué le récent assassinat de Charlie Kirk, porte-parole de la jeunesse trumpiste, tué d'une balle dans le cou la semaine dernière.
"Nous avons atteint de nouveaux sommets ce week-end, avec la clique MAGA (Make America Great Again, le slogan des partisans de Trump, ndlr) qui s'efforce désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme quelqu'un d'autre qu'un des leurs, et qui fait tout son possible pour en tirer un avantage politique", a estimé l'animateur.
Les Etats-Unis se déchirent sur le profil de Tyler Robinson, poursuivi pour l'assassinat de Charlie Kirk. Un jeune homme élevé par des parents républicains, et qu'une large partie de la droite désigne comme un tueur d'"extrême gauche". Le suspect avait dénoncé auprès de ses proches la "haine" véhiculée selon lui par Charlie Kirk.
"Félicitations à ABC d'avoir enfin eu le courage de faire ce qui devait être fait. Kimmel n'a AUCUN talent", a insisté mercredi Donald Trump, en appelant dans la foulée la chaîne NBC à priver d'antenne deux autres humoristes célèbres, Jimmy Fallon et Seth Meyers.
Plus tôt mercredi, Brendan Carr, le patron du gendarme des télécoms et de l'audiovisuel américains (FCC), avait dénoncé sur X "le comportement scandaleux" de Jimmy Kimmel. Dans un podcast, ce proche allié de Donald Trump avait menacé de retirer leur licence aux chaînes qui le diffusent.
Nexstar, un groupe qui possède de nombreuses chaînes affiliées à ABC aux Etats-Unis, a annoncé quelques heures plus tard que ses antennes allaient arrêter la diffusion de "Jimmy Kimmel Live". M. Carr a publiquement remercié Nexstar.
"Acheter et contrôler les plateformes médiatiques. Licencier des commentateurs. Annuler des émissions. (...) Tout cela est coordonné et c'est dangereux", a fustigé en revanche le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, en estimant que le parti républicain "ne croit pas en la liberté d'expression".
Avant Jimmy Kimmel, Stephen Colbert, présentateur du "Late Show", a appris en juillet que son émission emblématique serait annulée par CBS à partir de 2026.
Trois jours avant d'apprendre son futur licenciement, M. Colbert avait critiqué CBS pour avoir versé 16 millions de dollars pour régler un litige l'opposant à Donald Trump.
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump multiplie les attaques contre la presse, en restreignant les accès à la Maison Blanche et en lançant des procédures réclamant des sommes astronomiques.
Mardi, le président républicain a annoncé poursuivre le New York Times en diffamation, en exigeant 15 milliards de dollars de dommages et intérêts. En juillet, le locataire de la Maison Blanche avait indiqué réclamer au moins 10 milliards de dollars au Wall Street Journal dans une autre plainte pour diffamation.
"J'ai des retours formidables sur ma plainte contre le New York Times", a écrit mercredi Donald Trump sur Truth Social.
"Le sentiment prédominant est +IL ETAIT TEMPS!+ (...) Les médias de la gauche radicale travaillent dur pour détruire les Etats-Unis, nous allons les arrêter à tous les niveaux !!!".
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