> VOD > Alerte Info > Hong Kong : l'ex-magnat prodémocratie Jimmy Lai reconnu coupable d'atteinte à la sécurité nationale
L'ex-magnat des médias prodémocratie de Hong Kong, Jimmy Lai, a été reconnu coupable lundi de trois chefs d'accusation liés à la sécurité nationale, une décision qui selon des groupes de défense des droits humains sonne le glas de la liberté de la presse dans ce territoire rétrocédé à la Chine en 1997.
Pour le parquet, M. Lai était derrière deux complots demandant à des pays étrangers d'imposer des "sanctions ou un blocus" ou de mener des "activités hostiles" contre Hong Kong ou la Chine. Il est aussi accusé d'avoir publié des contenus qui "incitaient à la désaffection" envers le gouvernement.
Agé de 78 ans, le fondateur du journal prodémocratie Apple Daily - aujourd'hui interdit - est emprisonné depuis 2020, et maintenu à l'isolement "à sa demande" selon les autorités.
Jimmy Lai, qui a plaidé non coupable, encourt une peine de prison allant jusqu'à la perpétuité. Les peines seront prononcées à une date ultérieure, et il pourra faire appel.
M. Lai a été reconnu coupable d'un chef d'accusation de sédition, et de deux chefs d'accusation de collusion avec l'étranger. Ces deux derniers chefs se basent sur la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin après les manifestations prodémocratie, parfois violentes, qui ont secoué Hong Kong en 2019.
"Il ne fait aucun doute que [M. Lai] a nourri sa rancœur et sa haine envers la RPC pendant une grande partie de sa vie d'adulte et cela apparaît dans ses articles", a déclaré la juge Esther Toh à la cour, utilisant l'acronyme désignant la République populaire de Chine.
Elle a également assuré qu'il "réfléchissait à la manière dont les Etats-Unis pourraient faire pression sur la RPC".
A Washington, le président Donald Trump a dit se sentir "vraiment mal" à propos de Jimmy Lay et avoir demandé son homologue chinois de le libérer.
"J'ai parlé au président (chinois) Xi et je lui ai demandé d'envisager sa libération. Il ne se porte pas bien. C'est un homme âgé et il ne se porte pas bien. J'ai donc fait cette demande", a-t-il déclaré.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a réitéré cette demande faite à Pékin de "mettre fin à cette épreuve et libérer M. Lai", qui, selon lui, a passé "plus de 1.800 jours en prison".
Londres a condamné des "poursuites judiciaires motivées par des raisons politiques", appelant à la libération de Jimmy Lai, qui dispose d'un passeport britannique. L'ambassadeur chinois a été convoqué.
Le fils de l'accusé, Sebastien Lai, a appelé à Londres le gouvernement britannique à "joindre les actes à la parole". "Ne laissez pas mon père mourir en martyr en prison, ce serait une tache indélébile dans votre histoire", a lancé de son côté sa fille, Claire Lai, à Washington.
De son côté, Pékin a dit "soutenir fermement" Hong Kong dans "la défense de la sécurité nationale conformément à la loi et dans la répression des actes criminels qui mettent en danger la sécurité nationale".
Jimmy Lai a salué les personnes venues le soutenir, notamment sa femme Teresa et son fils Lai Shun-yan, d'un sourire et d'un hochement de tête, selon un journaliste de l'AFP présent dans la salle.
Des représentants consulaires des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la France ont assisté au verdict. Des vétérans du camp pro-démocratie de Hong Kong parmi lesquels le cardinal Joseph Zen et l'ancienne députée Emily Lau avaient aussi pris place dans le public.
Le cas de Jimmy Lai est considéré par l'Union européenne et les défenseurs des droits comme emblématique de l'érosion des libertés politiques à Hong Kong depuis la mise en place par Pékin de la loi sur la sécurité nationale.
"La prévisibilité du verdict rendu aujourd'hui ne le rend pas moins consternant : la condamnation de Jimmy Lai sonne comme le glas de la liberté de la presse à Hong Kong", a dénoncé l'ONG Amnesty International.
Reporters sans frontières (RSF) a condamné une "condamnation illégale" tandis que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) l'a qualifiée de "condamnation parodique".
L'Association des journalistes de Hong Kong décrit de son côté un climat médiatique d'autocensure et de peur "au point que même les détenteurs du pouvoir ne peuvent plus analyser avec précision l'état de l'opinion publique".
En plus des accusations de collusion, M. Lai est poursuivi pour 161 "publications séditieuses", parmi lesquelles des éditoriaux signés de son nom.
Jimmy Lai est apparu devant la cour plus mince qu'avant son emprisonnement. Le gouvernement de Hong Kong a souligné que M. Lai était soumis aux mêmes conditions que "les autres détenus" et qu'il recevait des soins médicaux "adéquats et complets".
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